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Revenu de contribution

Un revenu contributif

Plutôt que de subventionner des emplois à tout prix (qu’importe le travail pourvu qu’on ait l’emploi constatait André Gorz), la mise en œuvre des capacités des personnes du territoire de Plaine Commune, en particulier les jeunes particulièrement touchés par le chômage, pourra se faire avec l’instauration d’un revenu contributif. Sur des domaines choisis, le soin à l’enfance, l’alimentation urbaine de qualité, la construction,  la mécanique de requalification des véhicules thermiques en véhicules propres, etc. Les projets de travail dans ces domaines sont choisis pour leur valeur négentropique.  

Les allocations familiales sont, en quelques sorte, une première forme de revenu contributif : donner à un jeune enfant les soins, l’affection, la sociabilité, est une action hautement négentropique, reconnue d’utilité générale par la collectivité qui va accorder le revenu. Celui-ci est évidemment conditionnel (s’occuper effectivement de l’enfant). Un exemple peut être donné dans un domaine industriel, celui de la construction immobilière. Les immeubles, surtout à vocation industrielle, technique ou sanitaire, sont de plus en plus complexes. Les plans traditionnels (en deux dimensions -2D), gagnent à être complétés par des maquettes numériques en 3D : les logiciels qui servent à la manipulation de ces maquettes, zoom sur certaines zones, rotation sur tel ou tel axe, vision sous tel ou tel angle, superposition des vues des différents réseaux (eau, électricité, data, gaz, etc.) sont complexes à utiliser et évoluent rapidement. On peut imaginer un jeune, fille ou garçon, qui s’est lui-même formé à l’informatique et aux jeux vidéo, passer un contrat avec Plaine-commune au terme duquel, moyennant une formation aux logiciels de 3D, il va mettre ses compétences aux services des projets immobiliers pour mettre à disposition ses savoirs aux différents intervenants du chantier, les maçons qui veulent bien comprendre ce qu’ils vont avoir à faire, les plombiers, les électriciens, etc. L’entreprise de construction peut apprécier d’avoir un tel service pour certaines phases, parfois très courtes, du chantier, une semaine, voire quelques heures dans une semaine… D’où l’idée de faire fonctionner ces contrats sous le modèle du régime des intermittents du spectacle : ils peuvent avoir plusieurs contrats en même temps avec plusieurs employeurs et, dans les périodes de non-emploi, ils touchent une part de leur dernier salaire.

A la différence du revenu universel qui, dans sa conception théorique, est inconditionnel, le revenu contributif est tout à fait conditionnel : il s’exerce dans certains domaines, poursuit certains objectifs, doit répondre à certaines des règles dérivées de celles du régime des intermittents. Les adhérents à ce type de contrat ne sont pas des intérimaires (ils ne sont pas salariés d’une entreprise qui loue leur travail à d’autres entreprises), ils ne sont pas auto-entrepreneurs ni profession libérale.

Bernard Stiegler soutient par ailleurs le revenu universel inconditionnel qui, à ses yeux et à celui de beaucoup de ceux qui le prônent, est un revenu de citoyenneté donnant une base de subsistance. Celles et ceux qui veulent plus que subsister – cas le plus fréquent - peuvent ajouter les revenus d’un emploi comme entrepreneur, salarié, profession libérale, artiste, … Dans le cadre du salariat, de même que certains vont passer des contrats avec des entreprises de spectacle (ils seront alors sous le régime des intermittents du spectacle), d’autres prendront des contrats avec des entreprises reconnues participantes à l’expérimentation « territoire apprenant contributif » de Plaine-Commune.    

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