Les organisations ont souvent été définies comme des actions collectives finalisées qui constituent le monde humain et qui tendent également à s’imposer aux non-humains. L’Anthropocène est parfois associé à une mutation d’époque géologique tenant compte « d’hyper-objets » tels que par exemple le système-terre, le changement climatique, les limites planétaires, la biosphère, la technosphère, autrement dit des entités scientifiquement modélisées mais que l’on peut difficilement sentir. Nous cherchons ici à explorer les mutations cosmologiques induites par l’Anthropocène nous permettant de voir autrement le monde organisé. Peut-on appréhender ces objets avec les régimes sémiotiques du monde organisé ou faut-il abandonner les « clichés » souvent spectaculaires qui nous empêchent de nous confronter à un monde ordinaire mais intolérable ? En nous appuyant en particulier sur la philosophie des images cinématographiques développée par Gilles Deleuze, nous questionnons une modalité d’apprentissage en rupture avec les images-clichés du monde organisé. Que peut-on apprendre lorsque ces clichés s’effondrent ? Cet effondrement évoque une esthétique de l’apprentissage, une autre manière de sentir et d’apprendre à voir l’intolérable. Il permet aussi d’identifier des possibilités non réalisées mais présentes dans les situations. Nous proposons de l’illustrer à partir d’extraits de films qui rendent manifeste cette rupture, en particulier le film Alpi d’Armin Linke.