Depuis le 18e siècle souvent la petite propriété ne permettant pas de faire vivre toute la famille, par dizaines de milliers les paysans de la Creuse, mais aussi d’une partie de la Corrèze et de la Haute-Vienne, se font chaque année, de la fin d’un hiver à la fin de l’automne suivant, maçons essentiellement, tailleurs de pierre, paveurs, moins souvent charpentiers, et s’en vont à Paris, Lyon, Marseille, et bien d’autres villes grandes ou plus petites, construire la France des monuments, de l’industrie et des transports. Le 19e siècle, sur lequel nous nous concentrerons, voit l’apogée de cette migration temporaire. Ces migrants de l’intérieur ne furent souvent pas mieux traités que le sont ceux qui aujourd’hui viennent de l’extérieur. La vie de duretés mais aussi de solidarités qui fut la leur a pourtant contribué à forger pour longtemps le caractère du Limousin (l’homme et la région !) aux points de vue moral, social et politique.
Alain Raynaud